Une base végétale : des aliments protecteurs

Pourquoi est-ce tellement efficace, dans les cas de diabète, de mettre de côté les produits animaux ?

Tout simplement car ils concentrent de nombreuses substances qui sont à l’origine du développement du diabète, ou qui l’aggravent. Voici d’un coup d’œil rapide les raisons qui motivent cette recommandation :

L’alimentation est une vraie symphonie : dès lors que l’on met de côté les substances nocives pour privilégier les aliments protecteurs, une multitude de réactions se mettent en route qui agissent en synergie. Les mécanismes de régulation du corps peuvent s’enclencher, avec des effets bénéfiques sur la glycémie, le système cardiovasculaire, l’écosystème intestinal, et l’immunité entre autres.

Les différences de composition

Pour bien comprendre ce qui se joue, allons maintenant dans le détail. Prenons notre loupe pour comparer deux classes d’aliments : les produits animaux et les amidons.


Produits animaux (viande rouge, volaille, poissons, fomages, œufs) Amidons (riz, haricots secs, pommes de terre et patates douces) Rapport produits animaux / amidons (arrondis)
Protéines 35 13 3 : 1
Graisses 61 4 15 : 1
Cholestérol 92 0 100 : 1
Charge acide (indice PRAL) 8 -3 10 : 1

Les protéines et graisses sont exprimées en % des calories totales de l’aliment. Le cholestérol est en mg pour 100 calories. Les acides sont exprimés via la charge rénale potentielle, ou Potential Renal Acid Load, en effectuant la balance entre les acides et les bases contenues dans l’aliment. C’est donc une mesure théorique indicative. Une valeur négative indique que l’aliment est alcalin.
Extrait de « The Starch Solution », John McDougall

En moyenne, les amidons contiennent significativement moins de substances nocives que les produits animaux. Quant aux fruits et légumes, ils sont riches en antioxydants et phytonutriments protecteurs, en enzymes, en fibres, et ils ont une plus faible densité calorique qui apporte satiété et meilleur contrôle du poids.

Constater que les protéines ou le cholestérol sont classés dans cette catégorie de substances toxiques peut vous surprendre car le corps en a besoin, c’est vrai. Mais comme pour tout, il s’agit d’une question d’équilibre et de juste dose.

Les graisses saturées et trans à l’origine de la résistance à l’insuline

Les aliments d’origine animale (viande, volaille, laitages, œufs) sont les principales sources de graisses saturées et trans qui sont les responsables du développement de la résistance à l’insuline, et du diabète de type 2.

En effet, plus nos cellules stockent de graisses, moins le glucose peut entrer.

C’est un mécanisme normal d’adaptation.

On peut l’illustrer ainsi :

  • Imaginez que vos placards, votre frigo et votre congélateur sont pleins : vous avez beaucoup de réserves de nourriture disponibles.
  • Vos amis, de retour du supermarché sont de passage dans votre quartier et vous proposent de vous déposer des courses pour vous faire gagner du temps.
  • Vous allez probablement décliner leur offre, car il vous faut d’abord utiliser tout ce que vous avez en stock, il n’y a plus de place pour mettre quoi que ce soit d’autre !

Votre corps fonctionne de la même manière. Si vos cellules sont gorgées de graisses, elles vont devoir utiliser en priorité ces graisses pour leur production d’énergie, avant de pouvoir accepter de nouveau le glucose qui vient frapper à la porte.

La porte est donc « verrouillée » et le glucose reste en circulation dans le sang, sans trouver de cellule qui aura besoin de lui.

Pour que le glucose puisse de nouveau entrer dans vos cellules, il faut que le compartiment de stockage soit vide, c’est- à-dire abaisser drastiquement la teneur en graisses à l’intérieur de vos cellules.

Le mécanisme est détaillé dans la partie FAIBLE en matières grasses.

Les protéines animales : toxiques en excès pour nos reins et nos os

L’élimination des protéines en excès mobilise le foie et les reins : ces derniers sont particulièrement sensibles, ils sont fragilisés à la longue par ce surcroit de travail d’épuration. L’insuffisance rénale étant une complication fréquente du diabète, il est important de préserver au maximum cet organe clef du corps.

Le Dr McDougall précise qu’un quart de la fonction rénale est perdue après 70 ans si l’on a consommé un régime riche en protéines animales[1,2].

Le Dr Tom Barnard, dans son livre « Vaincre le diabète » indique qu’un apport protéique supérieur à 20% des calories totales est associé à une détérioration de la fonction rénale[3].

Plusieurs études indiquent que les protéines végétales ne sont pas toxiques comme les protéines animales, même en excès. Les protéines animales augmentent le taux de cholestérol sanguin d’environ 5% alors que les protéines végétales le diminuent d’environ 5%.

Par ailleurs, l’excès de protéines animales crée une acidification du terrain qui va fragiliser les os (notre organisme puisant dans les bases alcalines pour neutraliser l’excès d’acidité et maintenir le pH sanguin dans des limites acceptables). A chaque fois que nous doublons la quantité de protéines nous aggravons notre perte de calcium (+50% perdus dans les urines).

L’alimentation végétale permet d’absorber plus de minéraux, et surtout de les garder !

Le cholestérol : la juste dose

Le cholestérol est une substance vitale pour notre organisme, et nous en avons besoin pour nos hormones sexuelles, comme précurseur de la vitamine D, et pour l’intégrité de nos cellules.

Heureusement, notre foie sait le fabriquer, et il peut ainsi réguler la production pour nous fournir la juste dose. Aucun besoin d’en rajouter par l’alimentation.

Pire, lorsque nous en absorbons dans les aliments, celui-ci rejoint directement la circulation sanguine, avec le risque de se déposer sur les parois artérielles en cas de lésions de celles-ci. Le cholestérol joue un rôle de « ciment » qui vient se déposer sur la paroi des vaisseaux pour les consolider en cas de microlésions.

Hors on sait que dans la demi-heure suivant un repas contenant de la viande, nos vaisseaux subissent un stress et sont fragilisés. Le revêtement de nos artères (l’endothélium), plus abimé, devient alors propice au dépôt du cholestérol et à son oxydation.

Ce cholestérol déposé et oxydé (LDL-oxydé) est un marqueur de risque cardiovasculaire.

Le plus important est donc de limiter les excès de cholestérol qui ne sont pas nécessaires et de protéger votre cholestérol de l’oxydation, ce que font les végétaux par leurs molécules colorées antioxydantes.

Optimiser sa flore intestinale

Notre écosystème intestinal (microbiote et microbiome) est une des clefs de la régulation de notre poids, de notre glycémie. La population des bactéries qui y sont installées doit être la plus diversifiée possible.

Pour cela, on peut s’appuyer sur les fibres, notamment les solubles. Elles ont la capacité de former un gel avec l’eau (pectines, mucilages) : elles protègent ainsi l’intestin, ralentissent l’absorption des glucides, et l’élévation du taux de glycémie si elles sont consommées en quantité suffisante.

Ces fibres sont celles qui concentrent l’intérêt des chercheurs depuis de nombreuses années, car ce sont véritablement des substances actives sur le plan métabolique. Par fermentation elles permettent aux bactéries intestinales (notamment Eubacterium rectale, roseburia sp) de produire des acides gras à chaîne courte (acetate, propionate, butyrate).

Ceux-ci vont intéragir de façon bénéfique avec certains récepteurs de nos cellules nécessaires à la protection contre le diabète de type II et la résistance à l’insuline.

L’alimentation comme premier levier d’équilibre 

Une étude importante de 2014[4] a pu évaluer l’impact d’un changement alimentaire sur le microbiome des participants.

Ces derniers ont dû manger 100% végétal sur 5 jours, avant de basculer sur un régime basé principalement sur les produits animaux (viande, œufs, laitages) sur 5 autres journées.

Les chercheurs ont surveillé l’évolution quotidienne du microbiome et ont constaté de profonds changements en moins de 24h.

  • Le régime « protéines animales» stimulait certaines espèces bactériennes susceptibles de déclencher des pathologies digestives inflammatoires.
  • L’alimentation végétale riche en fibres favorisait une population bactérienne saine, permettant la fabrication d’acides gras à chaîne courte.

L’écosystème intestinal réagit donc très rapidement à la richesse en fibres de l’alimentation pour diversifier ses colonies bactériennes, et favoriser les espèces bénéfiques pour la santé.

Il faut par contre plusieurs semaines, parfois plus, pour arriver à un équilibre optimum de ses intestins. D’autres facteurs rentrent en effet en ligne de compte, comme les stress, les traitements éventuels, un état de candidose…

La bonne dose de fibres

C’est à partir de 35g/jour que l’on obtient un impact positif sur le taux de glycémie, et que l’on bénéficie pleinement des autres vertus santé des fibres. Dans certaines situations, il peut être intéressant d’augmenter graduellement à 40-50g/jour.

[1] Brenner BM . Dietary protein intake and the progressive nature of kidney disease : the role of hemodynamically mediated glomerular injury in the pathogenesis of progressive glomerular sclerosis in aging, renal ablation, and intrinsic renal disease. . Eng J Med. 1982 Sep 9 ; 307(11) :652-59
[2]Meyer TW. Dietary protein intake and progressive glomerular sclerosis : the role of capillary hypertension and hyperperfusion in the progression of renal disease. Ann Intern Med 1983 May ; 98 (5pt2) :832-38
[3] Vaincre le diabète, Dr Tom Barnard et Brenda Davies, 2005
[4] David, L., Maurice, C., Carmody, R. et al. Diet rapidly and reproducibly alters the human gut microbiome. Nature 505, 559–563 (2014). https://www.nature.com/articles/nature12820

Références scientifiques, littérature existante et médecins soutenant cette approche

Efficacy of high-fiber diets in the management of type 2 diabetes mellitus.
Endocr Pract. 2011 Jan-Feb;17(1):132-42. doi: 10.4158/EP10204.RA.
« The greatest improvement in blood lipids, body weight, and hemoglobin A(1c) level occurred in participants following low-fat, plant-based diets. 

Conclusions :
Increased consumption of vegetables, whole grains, and soluble and insoluble fiber is associated with improved glucose metabolism in both diabetic and nondiabetic individuals. Improvements in insulin sensitivity and glucose homeostasis were more evident in participants following a plant-based diet compared with other commonly used diets. »

Traduction –  » La plus forte amélioration sur le taux de lipides circulant, le poids, et le taux d’hémoglobine glyquée est constatée chez les participants suivant une alimentation végétale faible en matières grasses.

Conclusions : Une consommation accrue en légumes, céréales entières, fibres solubles et insolubles est associée à un meilleur métabolisme du glucose chez les diabétiques et non diabétiques. Les améliorations de la sensibilité à l’insuline et de l’homéostasie du glucose sont plus marquées chez les participants suivant une alimentation végétale par rapport aux autres régimes conseillés traditionnellement. »